La production textile européenne ne représente aujourd’hui qu’une faible part du marché mondial, mais Damart maintient une part notable de sa fabrication en France et en Belgique. Les fibres thermolactyl, développées dans les années 1950, continuent d’être produites selon un procédé breveté, rarement détaillé publiquement.Les sites sont soumis à des audits réguliers pour garantir la conformité sociale et environnementale, en réponse aux exigences croissantes du secteur. Certaines étapes restent localisées en Asie, malgré un ancrage historique en Europe de l’Ouest.
Damart, une histoire textile entre innovation et savoir-faire
Derrière Damart s’étend tout un pan de l’industrie textile française, construit sur la volonté d’oser autrement le confort au quotidien. En 1953, à Roubaix, les frères Despature et Georges Duhamel bousculent les codes en imaginant le fameux Thermolactyl. Cette fibre, protégée par brevet, devient très vite un symbole de chaleur et de douceur, propulsant la marque parmi les incontournables du vêtement thermique. Le slogan de l’époque, « Froid, moi ? Jamais ! Je porte Damart thermolactyl triboélectrique ! », s’est ancré dans la mémoire collective.
Damart fait aujourd’hui partie du groupe Damartex. Le siège est resté à Roubaix, bastion d’une filière textile en pleine transformation. La marque, connue pour ses vêtements techniques et sa lingerie bien-être, ne cesse d’inventer : Thermolactyl Invisible, Amortyl, Evolutyl… À chaque lancement, la technologie textile avance d’un cran. Damart cherche en permanence à combiner héritage familial et adaptation aux attentes d’aujourd’hui, que ce soit via une stratégie digitale affirmée, une offre multicanale ou une attention particulière à la durabilité.
Cette présence internationale repose sur 152 magasins en Europe (France, Belgique, Luxembourg), une boutique en ligne qui pèse désormais 30 % du chiffre d’affaires, et des campagnes ciblant aussi bien les seniors que les jeunes générations. Le groupe, sous la direction de Patrick Seghin (CEO) et Filiep Blontrock (France/Belgique), a atteint 362 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2023/2024. Plusieurs experts, dont Romain Devooght et Pascale Defraye, portent cette dynamique d’innovation textile tout en gardant les prix accessibles, face à des concurrents tels que Uniqlo ou Helly Hansen.
Quels sont les secrets de fabrication derrière les vêtements Damart ?
La singularité Damart tient à la maîtrise de la fibre et à un goût prononcé pour l’innovation textile. Le Thermolactyl, cœur de la marque depuis 1953, assemble acrylique et polyester pour former un tissu capable de piéger l’air et d’équilibrer la température du corps. Plus de 400 millions de pièces Thermolactyl ont déjà trouvé preneur, des policiers belges aux passionnés de deux-roues, en passant par les seniors et les sportifs urbains.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Damart a étoffé son catalogue avec des technologies exclusives : Aérophyl pour plus de respirabilité, Amortyl pour l’amorti des chaussures, Evolutyl pour des vêtements qui s’adaptent à la morphologie. Chaque nouvelle gamme naît d’un travail collectif, piloté notamment par Romain Devooght (innovation) et Pascale Defraye (offre internationale). Le développement suit des cycles rapides, du concept jusqu’aux rayons.
Éditions spéciales et collaborations
La French Collection, réalisée ponctuellement en France avec Malterre et Moumia, montre l’envie de reconnecter avec un savoir-faire local. Damart multiplie aussi les collaborations, par exemple avec Maison Standards ou Modetrotter, qui revisitent les grands classiques Thermolactyl.
L’innovation touche autant la matière que l’usage. Les axes de travail actuels intègrent la mode durable, la garantie à vie sur certaines références, et bientôt les vêtements connectés. La production s’ajuste pour répondre à une demande de vêtements plus responsables, pensés pour durer et s’inscrire dans une consommation circulaire.
Des matières premières à la confection : le parcours d’un vêtement Damart
Avant d’arriver en boutique, chaque vêtement Damart commence par une sélection rigoureuse de matières premières. Le Thermolactyl reste basé sur une fibre synthétique, principalement du polyester acrylique, déjà recyclée à moitié, preuve d’une volonté affirmée de tendre vers une production textile plus circulaire.
L’étape suivante, l’effilochage du fil, se déroule au Portugal. Ce travail minutieux, à mi-chemin entre industrie et artisanat, prépare la fibre à sa transformation. Ensuite, direction la Tunisie, à Zriba, où Damart exploite son site de confection depuis la délocalisation des ateliers européens. Là-bas, près de 273 personnes assemblent, contrôlent et finalisent jusqu’à 5 millions de pièces chaque année. Les chutes issues de la découpe ne finissent pas à la poubelle : elles rejoignent la filière de recyclage, avec un objectif clair de 70 % de fibres recyclées d’ici 2025.
Autrefois, l’activité de production se concentrait à Roubaix, mais la dernière usine française a fermé en 2008. Le contrôle reste cependant entre des mains françaises : la conception, le contrôle qualité et l’innovation sont toujours pilotés depuis le siège de Damartex. Une logistique bien rodée prend ensuite le relais pour acheminer les produits finis vers la France, la Belgique ou le Royaume-Uni, que ce soit pour la distribution en magasin ou la vente en ligne. Chaque étape, du fil à l’article prêt à porter, vise à garantir la performance thermique et la durabilité qui font la réputation de Damart.
De la première fibre jusqu’à la dernière couture, Damart orchestre un savoir-faire qui traverse les frontières et les générations. Un fil ténu relie Roubaix, Zriba et tous ceux qui, chaque hiver, comptent sur leur Thermolactyl pour tenir bon face au froid. La prochaine révolution textile sortira-t-elle, elle aussi, des ateliers où le confort se conjugue avec l’innovation ?