L’entrée en vigueur du Digital Services Act européen bouleverse l’accès au marché pour les plateformes non européennes. Les barrières tarifaires restent inchangées dans la plupart des accords bilatéraux, mais la multiplication des contrôles douaniers sur la conformité environnementale complexifie les chaînes logistiques. Depuis janvier 2025, l’obligation de transparence des flux de données transfrontaliers s’applique à tous les échanges impliquant des entités situées dans l’OCDE. Les exceptions accordées aux industries stratégiques asiatiques, en revanche, ne concernent plus les secteurs technologiques, désormais soumis à une déclaration préalable pour chaque transfert de propriété intellectuelle.
Commerce international en 2025 : panorama des grandes évolutions réglementaires
En 2025, la réorganisation des échanges mondiaux prend de l’ampleur, encouragée par une vague continue de nouvelles règles et de politiques nationales. Depuis le Brexit, les formalités douanières se sont durcies entre le Royaume-Uni et l’Union européenne, forçant de nombreuses sociétés à réinventer leur logistique de fond en comble. Les droits de douane se transforment en instruments politiques : environ deux tiers des échanges internationaux passent entre les mailles du filet, mais les secteurs restants subissent des hausses ciblées, avec la tech et l’aluminium en première ligne.
Côté canadien, la position à la croisée des routes commerciales américaines amène une multiplication des négociations : discussions actives avec l’Asie, l’Indonésie ou l’Amérique du Sud, et gestion complexe des relations avec la Chine autour de l’aluminium ou des véhicules électriques. Les conflits commerciaux s’enchaînent, convoquant régulièrement l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Dans cet environnement, la capacité technique prévaut sur la seule diplomatie.
La cybersécurité impose un nouveau cadre. La législation canadienne bloque certains fournisseurs qualifiés de sensibles, à l’image du dossier Huawei, ce qui bouleverse l’organisation des chaînes d’approvisionnement. Les accords de libre-échange se multiplient (ACEUM, Partenariat transpacifique), mais les conditions deviennent toujours plus strictes : publication de données sur l’empreinte carbone, conformité environnementale accrue, règles spécifiques pour chaque région.
Aux États-Unis, la perspective de droits de douane plus élevés provoque un effet d’accélération sur les importations. Désormais, planifier une stratégie d’accès aux marchés signifie maîtriser le risque réglementaire au même titre que la compétitivité des offres.
Quelles nouvelles obligations pour les entreprises exportatrices et importatrices ?
2025 s’impose comme une année de bascule pour les échanges à l’échelle globale. Les entreprises exportatrices et importatrices doivent faire face à de nouvelles exigences, notamment avec la montée en puissance des critères ESG, environnement, social, gouvernance, et la généralisation des standards de durabilité.
La directive européenne CS3D touche désormais tous les groupes, même installés hors Europe, qui doivent se doter de dispositifs de contrôle et de monitoring sur l’ensemble de leur chaîne de valeur. Cette mutation implique des démarches structurées pour la traçabilité, le reporting, et la vigilance sur les impacts à la fois sociaux et environnementaux. L’effet de ruissellement est net : partenaires et sous-traitants situés hors du marché européen sont à leur tour impactés.
Le Canada s’aligne lui aussi. Les référentiels NCID 1 et NCID 2, dictés par le Conseil canadien des normes d’information sur la durabilité, sont maintenant synchronisés avec les standards IFRS. Résultat : les rapports de durabilité, uniformisés, couvrent la gestion des ressources, l’empreinte carbone et la gouvernance. En Amérique du Nord, impossible d’ignorer les directives qui imposent de dévoiler précisément les émissions de gaz à effet de serre.
Région | Obligation majeure |
---|---|
Union européenne | Directive CS3D, Contrôle ESG sur la chaîne de valeur |
Canada | NCID 1, NCID 2, Standards durabilité alignés IFRS |
Californie | Divulgation des émissions carbone |
Face à ces bouleversements, les équipes conformité et export réinventent leur approche : cartographie des risques ESG, collecte de données extra-financières, adaptation contractuelle avec les fournisseurs. La conformité ne s’arrête plus à la frontière ; elle irrigue désormais toute la gestion interne et la transparence des organisations.
Incoterms, accords commerciaux, normes ESG : ce qui change concrètement cette année
Impossible de faire l’impasse sur les nouveaux équilibres, même si les Incoterms 2020 restent en vigueur jusqu’en 2029. La réalité pousse les entreprises à revoir leurs pratiques : jongler plus finement entre règles multimodales (EXW, FCA, CPT, CIP, DAP, DPU, DDP) et règles maritimes (FAS, FOB, CFR, CIF), avec la disparition de DAT au profit du DPU, particulièrement appréciée pour le e-commerce international. Un arbitrage récurrent concerne l’assurance : garantir tous risques (CIP) ou se contenter d’une assurance standard (CIF).
Ce durcissement s’observe dans les relations traditionnelles. Le Brexit change la donne pour toute opération entre le Royaume-Uni et l’Union européenne. Le Canada, membre de l’ACEUM aux côtés des États-Unis et du Mexique, multiplie les négociations en Asie ou en Amérique latine. Les litiges, en particulier entre la Chine et le Canada, ne concernent plus seulement l’aluminium ou l’automobile : ils illustrent un bras de fer permanent, pendant que l’OMC tente d’arbitrer.
Dans l’arène du commerce, la pression des normes ESG ne fait que monter. Les géants du commerce en ligne réclament une traçabilité sans faille et un respect accru des réglementations. L’automatisation, portée par des solutions comme Shippingbo, gagne du terrain dans le e-commerce. Le commerce international d’aujourd’hui dépasse la simple gestion douanière : il exige une vision extra-financière, la maîtrise de la cybersécurité et une adaptabilité constante face aux règles mouvantes.
Pour ne pas se faire distancer, il convient de garder à l’œil plusieurs axes :
- Faire la différence entre Incoterms multimodaux et maritimes pour fluidifier les opérations
- Prévoir les répercussions des nouveaux accords de libre-échange sur les approvisionnements
- Faire évoluer les protocoles internes en fonction des exigences ESG et des demandes des grandes plateformes
Anticiper les risques et saisir les opportunités : conseils pour naviguer dans un cadre en mutation
Face à toutes ces évolutions, la capacité à interpréter correctement le contexte réglementaire fait vraiment la différence. Les rôles du vendeur et de l’acheteur, définis par les Incoterms, réduisent les mauvaises surprises à condition de verrouiller chaque clause. Désormais, les conditions générales de vente deviennent un allié à part entière, protégeant et clarifiant les relations commerciales dans un univers contractuel beaucoup plus tendu.
La volatilité rapide des droits de douane, l’enchaînement des accords de libre-échange et le retour des barrières non tarifaires testent la capacité d’adaptation des chaînes logistiques. Les entreprises présentes sur plusieurs marchés, notamment entre Royaume-Uni et Union européenne après le Brexit, n’ont pas d’autre choix que de mettre à jour régulièrement leur gestion import/export.
Pour garder la main, agir rapidement devient décisif : renouvellement des certifications qualité, ajustements contractuels avec les transporteurs, anticipation des attentes des partenaires mais aussi des plateformes de vente. Avec le renforcement des obligations ESG, la capacité à prouver, tracer et communiquer représente un levier concurrentiel solide.
Voici quelques leviers à activer pour ne pas subir la vague :
- Adapter en continu CGV et procédures, en fonction des flux soumis à vigilance
- Renforcer la sécurité des opérations (audit, veille réglementaire, formation continue)
- Piloter l’implantation sur chaque zone avec une analyse précise des risques et potentiels
La cybersécurité devient aussitôt un ticket d’entrée sur la plupart des marchés : impossible d’ignorer les réglementations locales, en particulier sur les fournisseurs sensibles pour le Canada. Les groupes qui abordent sans détour ces nouvelles exigences s’assurent un coup d’avance ; les autres s’embourbent dans l’incertitude ou les sanctions.
Demain, sur cette carte mouvante du commerce international, seuls ceux qui anticipent, documentent, adaptent chaque étape de leurs échanges tiendront bon quand la réglementation viendra croiser leur route.